Sabena

Consternation

jeudi 24 septembre 1998.
 

Et embarras... La Sabena ne cachait pas, mercredi, sa consternation suite au drame vécu la veille. Le porte-parole de la compagnie, Eric Platteau, indiquait qu’il y a deux cas d’espèces. Dans le premier, la Sabena est obligée, par la loi, de transporter une personne expulsée, sous peine d’amende. C’est extrêmement rare. Dans le second cas, c’est le ministre de l’Intérieur qui paie les billets de la personne expulsée et des deux gendarmes qui l’accompagnent. Soit, à chaque fois, trois billets aller au moins, et deux billets retour. Ce qui doit malgré tout représenter un beau chiffre d’affaires, vu le nombre d’expulsions pratiquées par le ministre de l’Intérieur.

Etonnamment, la Sabena dit ne pas disposer de cette information - pourtant disponible puisqu’une facture doit être adressée au ministre - car elle ne le souhaite pas. Le porte-parole remarque encore que, dans certains cas, la compagnie demande que ce soient ses propres agents de sécurité plutôt que des gendarmes qui accompagnent le rapatrié. On peut s’interroger, là, sur la légalité de la pratique.

Ce qui s’est passé pour Semira est dû à des gendarmes, remarque la compagnie, et cela pose la question de savoir qui doit accompagner les expulsés. Une phrase qui en dit long. La Sabena déclare également être ouverte aux remarques des pilotes et du personnel navigant, et toujours couvrir le pilote qui, seul maître à bord, décide de refuser d’embarquer la personne en instance d’expulsion. L’avis est nettement plus nuancé du côté du personnel navigant (pilotes, stewards, hôtesses). Là, plusieurs excellentes sources indiquent que, depuis un certain temps, on exprime le malaise à l’égard de ces expulsés et des conditions de leur expulsion, sans que ceci soit suivi d’effet au niveau de la direction. Car effectivement, de nombreux témoignages de personnel navigant existent - sous couvert d’anonymat car il y a des craintes de sanctions - pour dénoncer des conditions odieuses d’expulsion, avec nombre de violences physiques.

Et ces témoignages de préciser encore dans certains cas, que lorsque la personne expulsée est calme, elle est étrangement calme. En outre, alors que la Sabena affirme que la personne refoulée n’est jamais menottée pendant le vol, les témoignages et les faits prouvent le contraire.

Il faut dès lors espérer que la mort de Semira servira au moins à lancer un débat - avec des décisions très rapides - au sein de la Sabena. La Sabena qui est encore, à 50,5 %, une compagnie publique. C’est-à-dire dont tous les citoyens sont actionnaires, via l’Etat. Des citoyens-actionnaires dont on peut croire qu’ils désapprouvent le transport des expulsés par la compagnie. Sans oublier que d’autres compagnies, elles, refusent d’office.

Marc Vandermeir


Le Matin - 24 septembre 1998


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