Une véritable "chasse aux illégaux" s’est déclenchée après l’évasion de 31 d’entre eux du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel, mardi soir. Sept d’entre eux avaient été repris immédiatement. Pendant toute la journée de mercredi et jusqu’à la tombée de la nuit, plusieurs patrouilles de gendarmerie, la police de l’aéroport et la police militaire ont vainement sillonné les communes avoisinantes.
Les forces de l’ordre ont eu plus de succès par contre pour appréhender les manifestants qui avaient protesté avec des flambeaux devant le centre 127 bis. Dix-sept d’entre eux ont été mis à la disposition du Parquet et, mercredi en fin d’après-midi, le Parquet de Bruxelles a inculpé sept d’entre eux pour "bris de clôture" et "infraction à la loi sur les étrangers". Ils ont été remis en liberté.
Les manifestants sont accusés d’avoir cisaillé le double grillage qui entoure le centre où sont enfermés les demandeurs d’asile déboutés et les sans-papiers dans l’attente de leur rapatriement. On leur reproche également d’être entrés dans l’enceinte du centre puis d’avoir distribué des flambeaux aux pensionnaires pour leur permettre de s’évader.
La manifestation était organisée par le Collectif contre les expulsions. Celui-ci reconnaît que certains activistes ont cisaillé le grillage, mais nie avoir pénétré dans le centre. Ce sont les détenus, dit-il, qui ont brisé les vitres parce qu’ils étaient "tabassés par les molosses du centre". Mais, selon les gendarmes, les gardiens du 127 bis ont été agressés à la fois par les pensionnaires et par certains manifestants.
Le Collectif contre les expulsions est dans la ligne de mire des forces de l’ordre. Depuis deux mois environ, ce groupe de base très actif multiplie les interventions directes pour empêcher par tous les moyens les expulsions. Ils tentent d’empêcher l’envol des avions où doivent embarquer les étrangers faisant l’objet d’une mesure de rapatriement en parlementant avec les passagers ou le pilote. Ils appellent au boycott de la Sabena à qui ils reprochent de fermer les yeux face aux embarquements parfois musclés de certains réfugiés déboutés.
Le centre 127 bis est fréquemment critiqué pour ses conditions de détention. Elles ont d’ailleurs été récemment dénoncées dans le rapport du Comité européen pour la prévention de la torture. Lors des incidents de mardi soir, seuls une femme et ses deux enfants n’ont pas quitté le centre. La Ligue des droits de l’homme dit comprendre la réaction des détenus, compte tenu de leurs conditions de séjour et s’inquiète de l’attitude répressive qu’adopte l’Etat à l’égard des citoyens qui manifestent leur soutien aux étrangers en danger d’expulsion.
Martine Vandemeulebroucke in Le Soir, 23 juillet 1998
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