Un précédent en 1987

Un réfugié zaïrois était mort asphyxié par un coussin lors de son expulsion de Belgique
vendredi 25 septembre 1998.
 

BRUXELLES. Incroyable ! II y a un peu plus de onze ans, un candidat réfugié politique a trouvé la mort lors de son expulsion de Belgique dans des conditions forts similaires ! Celles qui ont coûté la vie à Semira. Déjà à l’époque, l’usage d’un coussin pour étouffer le réfugié s’était avéré mortel ! L’information nous a été confirmée hier par l’avocat de la victime, MeLuc Walleyn.

Désormais, on ne pourra donc plus dire que l’on ignorait les risques de la méthode d’étouffement par coussin. Les faits remontent au 14 janvier 1987. Le dénommé M’Bicha avait demandé l’asile politique quelques mois plus tôt. D’origine zaïroise, il est soupçonné d’être un ancien agent secret de Mobutu qui a changé de camp. Sa demande est refusée. On l’embarque finalement à bord d’un avion pour le renvoyer dans son pays. Il ne ressortira pas vivant de l’appareil. .

Que s’est-il passé ? Au début, on évoque la possibilité que la cause du décès soit liée à l’inoculation de force de valium. Une théorie bien vite démentie. « On avait effectivement soupçonné une forme d’empoisonnement car on avait trouvé dans sa bouche des morceaux de verre qui pouvaient laisser supposer qu’il avait avalé des capsules » explique Luc Walleyn. « Mais le rapport d’autopsie était formel : il n’y a pas eu d’intoxication. Selon les docteurs, le décès s’est produit par asphyxie suite à une combinaison de facteurs externes qui ont empêché une respiration suffisante ». Des facteurs externes ! « On a utilisé un coussin. On l’a posé sur ses genoux et on a écrasé sa figure dessus. L’asphyxie a été causée à la fois par le coussin, mais aussi par le fait que M’Bicha a été plié en deux, ce qui a coupé son souffle. »

Des circonstances qui ressemblent à s’y méprendre à celles qui ont entraîné la mort de Semira. Par la suite, les deux gendarmes mis en cause dans le décès seront poursuivis. A deux reprises, la justice conclura à un non-lieu. « La première fois en estimant que les gendarmes n’avaient fait qu’exécuter les ordres. Ensuite, en prétextant du fait que mon client s’était rebellé. »

Le mort de M’Bicha est donc restée impunie. Tout comme celle d’un autre réfugié, en 82, mort étouffé avec du sparadrap. Luc Walleyn n’est donc pas surpris qu’un autre décès survienne. « J’ai simplement été étonné que cela n’arrive pat plus tôt. Ce qui me révolte, c’est que tour cela prouve que l’on n’a pas tiré les leçons de l’affaire M’Bicha. On avait déjà pu constater d l’époque que ces méthodes comportaient des risques ! »

Frédéric Seront

La Dernière Heure - 25 septembre 1998


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