Un vrai débat sur les centres fermés

mercredi 11 septembre 2002.
 

La décision est tombée mardi après-midi : les militants du Collectif contre les expulsions sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des « détenus » à s’évader d’un centre fermé pour demandeurs d’asile (le célèbre centre 127 bis), avoir opposé résistance à des agents de la force publique, pour des coups et blessures, rébellions, des bris de clôtures... Mais pas pour incendie volontaire de lieu habité.

Etaient concernés dix-huit militants de cette association ayant notamment manifesté pour s’opposer aux tentatives d’expulsions de Semira Adamu, étouffée par des gendarmes lors de son rapatriement forcé vers le Togo le 22 septembre 1998, et au renvoi de 74 Roms en octobre 1999.

Leur action est politique et elle s’inscrit dans un contexte particulier : celui du placement des demandeurs d’asile dans des centres fermés et leur rapatriement forcé en cas de refus de la demande d’asile.

Me Georges-Henri Beauthier, un des avocats du Collectif, se réjouit, quelque part, de ce renvoi. "Nous pourrons enfin avoir un débat de fond sur ce que sont ces centres fermés. On reproche à nos clients d’avoir favorisé une évasion. Qui dit évasion parle de détenu et donc de prison. Les centres fermés sont-ils des prisons ?" s’interroge l’avocat.

Au Collectif, on confirme que ce sera l’occasion d’expliquer les motivations de leurs actions, mais on estime aussi qu’il est malheureux de devoir passer par là pour pouvoir s’exprimer. "C’est avant tout une criminalisation d’un mouvement social", nous a affirmé une militante. Qui dénonce le fait qu’on ne prenne pas suffisamment en compte les violences institutionnelles.

Lors des débats en chambre du conseil, le substitut du procureur du Roi, Alain Geerinckx, estimant les charges suffisantes, avait requis le renvoi des inculpés devant le tribunal. Le juge d’instruction, dans son rapport, avait, lui, reconnu le contexte particulier des manifestations et Damien Vandermeersch n’avait pas insisté sur l’incendie volontaire mis à charge des inculpés.

Jean-Pierre Borloo in Le Soir


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