Au centre

mardi 11 août 1998.
 

Je suis revenue au centre vers 14h30 et je me suis dirigée directement dans ma chambre. C’est en rangeant mes affaires que j’ai réalisé que certaines étaient détruites et que mes photos avaient disparues. Ils ont tout enlevé et m’ont laissé un album vide. Il y avait des photos de mes sœurs et d’autres que nous avions prises dans le centre. Ils ont tout pris, sans rien me dire ; si j’étais partie, je ne me serais rendu compte qu’à Lomé qu’il n’y avait plus de photos dans mon album. Je me sens mal, ces gens nous traitent comme si nous n’étions pas humains, ils restent là et font ce qu’ils veulent sans ce préoccuper de ce que nous ressentons.

Je ne me considère pas comme une réfugiée mais comme une criminelle parce que c’est comme ça que je suis traitée. Les photos qu’ils ont prises, j’avais payé pour les avoir, elles ne m’ont pas été offertes. Ils nous photographient et nous payons pour chaque copie que nous recevons. J’ai demandé à parler à la directrice à ce sujet mais elle a seulement pu me dire que les photos n’étaient pas autorisées dans le centre, que quand bien même l’un d’entre eux l’accepterait et demanderait de l’argent pour les distribuer, cela reste interdit. Elle m’a finalement dit qu’elle me rendrait celles de ma famille et celles où ne figurent que des réfugiés et pas de travailleurs. Je lui ai rétorqué que je les voulais toutes, ce qu’elle a refusé.

Je lui ai alors dit qu’elle pouvait se garder ses photos. Elle s’est levée pour partir, s’est retournée et m’a dit que moi, Semira, j’avais déjà causé assez de problèmes dans le centre et qu’elle ne tolèrerait plus rien venant de ma part. Je l’ai regardée en me demandant pourquoi elle me disait de telles choses. Je lui ai répondu que je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire en affirmant cela, parce que je parlais de manière très polie. Elle a haussé le ton contre moi, me montrant à quel point elle est en colère contre moi.

Il fallait que je laisse passer les choses et je suis restée dans ma chambre la journée entière pour éviter tout problème, parce que j’ai pu observer, dans leur comportement ces derniers jours, qu’ils sont tous contre moi. Chaque jour, ils viennent avec une histoire différente pour nous rendre la vie plus difficile ici. Ils ne veulent pas que nous soyons heureux, ils essayent par tous les moyens de nous rendre tristes pou la seule raison que nous sommes réfugiés. Nous voulons seulement être libres. C’est la seule chose que nous demandons, ainsi que d’être saufs.

Merci,
Semira Adamu


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