Mon expérience à l’aéroport le 11 août 1998

mardi 11 août 1998.
 

Ils m’ont réveillé vers six heure du matin en m’annonçant que je devais aller à l’aéroport. Je me suis levé et ai commencé à ranger mes affaires. Ils sont revenus me chercher après un quart d’heure mais je leur ai dit que je n’avais pas fini de ranger mes affaires, qu’ils devaient attendre. Je n’ai même pas pu prendre une douche.

Dès que je fus prête, ils m’ont amenée à l’entrée, où ils procèdent normalement au check-in avant de quitter le centre. Il s’est déroulé ce jour là de manière spéciale. Ils ont contrôlé mes affaires une à une, chaque page de mes livres, mes crèmes pour le corps et le visage et quelques autres choses. Ils ont tout mis sans dessus dessous, tout éparpillé. J’ai pris mon temps pour ranger. Je voulais les regarder fouiller mes affaires, mais ils ne m’y ont pas autorisé. J’ai presque du me battre avec le directeur parce que j’insistais pour assister à leurs fouilles. C’est d’ailleurs assez rare que le directeur soit présent au centre à cette heure, mais je sais qu’il était là pour moi.

Ils m’ont confisqué ma crème pour le corps, mon défrisant pour les cheveux, mon traitement pour le visage et quelques autres choses. Lorsque j’ai protesté, ils m’ont simplement répondu que je n’en avais pas besoin jusqu’à ce que je sois hors du centre. Pourtant, ils m’ont toujours fouillé avant que je ne parte à l’aéroport, mais c’est la première fois qu’ils se comportent de la sorte. Ils m’ont dit qu’ils les gardaient jusqu’à ce que je sois hors du centre.

Je n’étais pas contente parce que j’ai besoin de ces affaires, mais que puis-je faire ! Je sens qu’ils les ont prises parce que nous les avons reçues de gens qui s’occupent de nous, parce qu’ils ont commencé à confisquer les choses que nous recevons de l’extérieur. Ils ne vont pas nous donner ce genre de choses et ils ne veulent pas laisser les personnes qui le souhaitent nous les offrir.

Nous sommes finalement partis à l’aéroport. Là, ils m’ont mise dans une cellule sans m’enfermer mais ils m’ont menotté les mains tout en laissant mes jambes libres. Je suis resté là jusqu’environ 10h30. Ensuite, nous sommes allés à l’avion. Alors que j’étais encore dans la camionnette, un des membres du service de sécurité de la Sabena est venu et m’a dit qu’il allait avec moi à Lomé, qu’il allait s’arranger pour m’y rendre la vie confortable quand nous y serions. Il m’a dit « mon nom est John, et toi ? » et je lui ai répondu qu’il connaissait mon nom. Il a tenté de le nier en disant qu’il avait lu des choses dans les journaux mais qu’il ne savait pas qu’il s’agissait de moi. Je lui ai fait remarquer qu’il s’était trahi. Il m’a demandé de réfléchir à sa proposition, qu’il reviendrait pour connaître ma réponse. A son retour, j’ai refusé de lui parler.

Une fois l’avion prêt à partir, ils m’ont transportée à l’intérieur ; j’ai commencé à crier, ils m’ont forcée à m’asseoir et ont attaché la ceinture de sécurité mais j’ai réussi à défaire les liens autour de mes mains et ensuite à détacher la ceinture et à me lever en criant. Ils m’ont rassise. À ce moment, je n’étais qu’avec deux agents de Sabena Security. J’ai ouvert la ceinture pour la deuxième fois, me suis levée mais ils m’ont à nouveau assise. Je l’ai ouverte une troisième fois, j’ai du me battre vraiment durement, et j’ai commencé à frapper dans les choses près de moi. Les passagers étaient déjà debout, certains demandaient qu’on me sorte de l’avion, ce qu’ils ont du faire finalement.

Ils ont sorti mes affaires, mais comme ils étaient fâchés, ils les ont jetées de sorte que certaines sont cassées. Ils m’ont ramenée à l’aéroport, où nous avons attendu quelques heures avant qu’ils me renvoient au centre. J’y suis arrivée vers 14h30 et je me suis dirigée directement vers ma chambre.
Semira Adamu

NB : J’ai des douleurs au corps à cause de la manière dont ils m’ont pressée dans l’avion pour me forcer à m’asseoir. J’ai aussi des bleus sur une main et mes jambes suite à cette bagarre.
Ils m’ont aussi affirmé que c’était ma dernière chance avec Sabena, que dorénavant c’est moi et la police et qu’ils s’y prendront très durement.


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