Ils sont arrivés et nous ont dit qu’ils voulaient mettre du désinfectant dans le bâtiment contre les mouches. Je ne crois pas que ce soit vrai parce qu’avant que nous soyons revenus, ils ont pris certaines choses de nos chambres dont une cassette que nous avons depuis des mois. C’est comme s’ils ne l’avaient jamais entendue ou qu’ils devaient la prendre juste aujourd’hui ; une cassette que nous écoutons depuis si longtemps, pourquoi aujourd’hui ? Tout cela parce qu’ils savent que j’aime la musique, avec d’autres personnes.
Récemment, ils ont commencé à fouiller nos chambres en notre absence. Ils nous demandent de sortir pour avoir les mains libres. Je pense qu’on ne peut fouiller les affaires d’une personne qu’en sa présence, au cas où. Que peut-on dire s’ils trouvent quelque chose de mal dans nos chambres ?
Il y a beaucoup de choses que je ne peux expliquer, mais je sais qu’ils ne veulent pas que nous soyons heureux, ils veulent nous frustrer jusqu’au dernier. Mais je crois qu’un jour, moi et les autres réfugiés, nous serons libres.
Semira Adamu
NB : Nous ne pouvons faire que ce qu’ils veulent. Chaque fois qu’une incompréhension survient entre un travailleur et un réfugié, ils ne vont pas écouter la version du dernier. Ils considèrent que les travailleurs ont toujours raison. Ils apprécient de placer les gens en cellule d’isolement pour la moindre problème dans le centre. Ils utilisent la cellule d’isolement pour nous menacer.
Ce vendredi a aussi été une terrible journée. Ils nous traitent comme des animaux. La plupart d’entre eux nous parlent n’importe comment et ne nous aiment pas. Ils sont venus dans nos chambres pour fermer les fenêtres, après deux heures ils ont fermé les fenêtres de mon côté du centre. Les nôtres ont été fermées vers 13h30, les autres vers 16h30. Lorsque j’ai demandé pourquoi, ils ont répondu qu’ils ne veulent pas que nous ayons de communication avec l’extérieur. Quand je suis allé au réfectoire vers 17h, le téléphone était aussi fermé. J’’ai commencé à me demander pourquoi ils doivent nous punir de la sorte. On ne peut plus respirer de l’air frais, et maintenant le téléphone est à nouveau fermé.
Ce même jour, alors que nous regardions la télévision dans le réfectoire, la directrice est venu et nous a dit de baisser le volume sous peine de nous retirer la télé. Elle a appelé un garde qui a baissé le volume au point que nous n’entendions plus rien. Certains voulaient se plaindre mais je leur ai dit de se calmer, que ce n’est qu’une question de temps. Avec la manière dont vont les choses dans le centre, je sens qu’un jour ils vont juste nous demander de rester dans nos chambre toute la journée ou qu’ils vont fermer les toilettes pour qu’on ne puisse plus les utiliser, voire pire.
C’est terrible ici pour l’instant. Ils sont tous très fâchés et ne peuvent s’empêcher de m’accuser.
De nouvelles personnes sont arrivées dans le centre aujourd’hui. Vu d’ici, elles semblent asiatiques. Elles sont 9, mais comme elles sont placées en bas, on ne peut communiquer avec elles. Ce sont des personnes qui ont demandé l’asile en Belgique.
Semira Adamu
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