Ce vendredi 20 avril, depuis 8h30, le Collectif contre les expulsions occupe le cabinet du ministre Vande Lanotte.
Communiqué de presse
Le 22 septembre 1998, Semira est assassinée par les gendarmes chargés de son expulsion. Etouffée par le coussin qu’ils lui maintiennent sur la figure pendant plus de 15 minutes.
Deux ans et demi plus tard, l’instruction est terminée et le dossier arrive devant la Chambre du Conseil, dont l’audience est fixée au mardi 24 avril.
Johan Vande Lanotte est responsable du rétablissement de la technique du coussin dans la pratique des expulsions, passant outre les avertissements quant au danger qu’il faisait courir aux expulsés.
Louis Tobback était ministre de l’intérieur quand Semira a été tuée. Il avait fait pression sur la Sabena et les gendarmes pour qu’elle soit expulsée à tout prix. Il s’était déclaré responsable des faits.
La Sabena et l’Association belge des Pilotes avaient été avertis du danger qui pesait sur Semira. Le pilote de l’avion, seul maître à bord, a pourtant choisi de fermer les yeux.
Le parquet général a pourtant décidé de ne pas citer à comparaître, le 24 avril, ces trois acteurs incontournables dans la mort de Semira. Pourquoi ? C’est la question que nous avons posé, dans un courrier faxé ce matin, au procureur du roi Benoît Dejemeppes.
Doit-on encore s’étonner de cette pratique d’impunité à l’égard de ceux qui commettent les crimes au nom de la légalité, de l’Etat de Droit ?
Peut-on attendre de l’Etat qu’il poursuive ceux qui incarnent la politique d’immigration dont le gouvernement est si fier ?
Peut-on croire le discours sur l’humanisation de pratiques d’expulsions ?
Dans un soucis de consensus, on peut toujours trouver de quoi se féliciter. Mais affronter la réalité en face oblige à se révolter. Que chacun se rappelle les promesses de septembre 98 et retrace le chemin accompli depuis lors. Qu’avons nous obtenus ?
La régularisation a servi avant tout de grande opération de recensement des sans papiers pour l’Office des Etrangers, devenant par la suite un calvaire pour les principaux concernés. Issue de marchandages politiques, nous avons perdu sur l’essentiel : légitimer la présence des étrangers sur notre territoire et faire reconnaître le droit à l’immigration.
La politique d’asile, intégrée à la politique d’immigration, est complètement orientée vers une meilleure gestion rapide et efficace des expulsions. Cela se traduit par la transformation des centres d’accueils en zones d’attente en vue d’une expulsion. Ajoutons à cela la construction d’un centre fermé 127 ter.
Il y a deux ans, la simple évocation de charters ou rapatriements collectifs était tabou. La charter des tziganes avait suscité un tollé. Aujourd’hui, ils sont partie intégrante de cette gestion efficace de l’immigration. Il importe peu qu’ils soient conforment à la légalité puisqu’ils répondent à l’intérêt supérieur de l’Etat.
L’Europe Forteresse a tué plus de deux mille personnes dans leur tentative de rejoindre le continent. Son territoire est parsemé d’une multitude de ces centres fermés qui sont autant de zones de non-droit. La ségrégation sociale et l’exploitation des travailleurs immigrés et sans papiers y est organisée juridiquement par les Etats qui instituent de la sorte un régime d’apartheid européen.
Nous en appelons à la responsabilité de chacun d’entre nous. Il nous appartient de prendre part pleinement l’exigence première de justice et de liberté et d’empêcher que la barbarie s’installe au nom d’un prétendu bien collectif. Il y a des pratiques et des lois illégitimes auxquelles il faut désobéir.
Arrêt des Expulsions
Suppression des centres fermés
Régularisation collective de tous les sans papiers
Libertés de circulation et d’installation
ccle - 20 avril 2001
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