Semira Adamu : non à l’impunité ! Ils sont plus de deux cents, lundi matin, à avoir répondu à l’appel lancé par le collectif contre les expulsions. Munis de casseroles, de bouteilles ou de tambours, les manifestants sont réunis sur les marches du palais de justice pour dénoncer la politique belge en matière d’expulsions. Le jour et l’endroit n’ont pas été choisis au hasard.
Ce lundi, la chambre du conseil devait débattre du renvoi du renvoi devant le tribunal correctionnel des trois gendarmes impliqués dans le décès de Semira Adamu, cette Nigériane morte étouffée par un gendarme sous un coussin, lors de son expulsion le 22 septembre 1998 (lire en page 7).
La justice et les gendarmes ne font qu’un , tonne Serge Thiry, du Collectif contre les expulsions. Ils sont juges et parties et gardiens du temple du silence.
Au-delà des gendarmes poursuivis, c’est un système qui est remis en cause par le collectif. L’affaire Sémira revêt un caractère exceptionnel mais la technique du coussin est "acceptée politiquement". La Belgique et l’Europe acceptent de voir des gens mourir à leurs frontières. Nous pas.
Arrêt des expulsions, fermeture... des centres fermés, nos institutions doivent changer : Actuellement, c’est l’Europe de la ségrégation. L’inégalité est organisée juridiquement.
On renvoie des gens vers des pays en crise, où leur vie est en danger , s’indigne Philippe, un manifestant. Ici, nous profitons de certains avantages économiques, quoi de plus légitime que certains essayent de quitter un pays où ils n’ont rien ?
Il y a deux ans, Claire a recueilli une adolescente de 15 ans, en provenance d’Ethiopie. La mineure, non accompagnée, est restée près de neuf mois au centre fermé de Bruges. Les autorités n’ont "pas cru à son histoire". En Belgique, la présomption de mensonge est terrible.
L’Ethiopienne éprouve encore des difficultés à parler de son expérience brugeoise. Elle a été traumatisée, notamment après les sept tentatives d’expulsion auxquelles elle a dû faire face.
Mateo Alaluf est lui aussi venu exprimer sa colère. Opposons le bruit au silence que l’on veut faire autour des expulsions. Le manifestant demande justice après la mort de Semira. Les gendarmes ne sont que des lampistes. La responsabilité est avant tout politique. Mateo Alaluf dénonce encore les poursuites judiciaires dont font l’objet 18 membres du Collectif contre les expulsions. On veut criminaliser ceux qui expriment leur révolte face à l’intolérable. Ils manifestent leur opinion et s’ils avaient été poursuivis dans un autre pays, la Belgique leur aurait, sans doute, accordé l’asile politique
Patrice Leprince in Le Soir
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