Faux départ pour le procès de dix-huit membres du Collectif contre les expulsions à Bruxelles. Ce n’est qu’à partir du mois d’octobre qu’ils devront s’expliquer devant le tribunal sur des faits qualifiés de tentative d’évasion, coups et blessures, rébellion, bris de clôtures... Des préventions liées à des manifestations devant le centre 127 bis, pour s’opposer notamment au rapatriement forcé de 74 Roms.
Selon les prévenus, ces faits ne peuvent être isolés du contexte où ils se sont produits. Ce procès deviendra donc quelque part celui des centres fermés.
Le Collectif était soutenu par des militants, des universitaires, des parlementaires présents sur les marches du palais de justice. Etaient également disséminés des coussins, comme celui qui a servi pour étouffer Semira Adamu lors de son rapatriement forcé mortel. Tous étaient calmes, mais l’audience se tenait malgré tout dans ce qu’on appelle désormais au Palais la salle D’Orazio (où a eu lieu le procès des 13 de Clabecq), mieux contrôlable par les forces de l’ordre.
A l’audience de ce vendredi, le tribunal, présidé par Véronique Leclercq, a donc fixé un calendrier des futures audiences. Pour s’accorder avec les agendas de chacun, et surtout pour répondre aux disponibilités du tribunal, l’affaire a été remise au 17 octobre. La 44e chambre siégera tous les jeudis et vendredis matin, jusqu’à la mi-novembre.
L’enjeu de cette première audience était aussi de voir comment allait se profiler ce procès. Nous voulons un vaste débat public sur les centres fermés, sur la politique de l’immigration, sur les pratiques de rapatriement forcé. Pour cela, nous demandons que soient entendus des témoins, qui ont assisté aux faits, mais aussi des personnes qui ont étudié les problèmes des migrations, expliquait un des prévenus à la sortie de l’audience.
Les avocats des prévenus ont effectivement demandé que soient entendus des témoins, pour expliquer les manifestations et les contextualiser. La proposition a été acceptée par le tribunal. Une liste de ces témoins devra être remise au procureur du Roi, Philippe Van Hecke.
Parmi ceux-ci, il est question de faire entendre des participants aux actions du Collectif, des parlementaires, des universitaires, mais aussi le juge d’instruction Damien Vandermeersch. Celui-ci aurait dit, en chambre du conseil, que les faits reprochés aux prévenus devaient être replacés dans leur contexte, celui des expulsions des Roms et de la mort de Semira Adamu.
Jean-Pierre Borloo in Le Soir
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