Le cas de Pascal Marchand, condamné à un an de prison ferme pour avoir secoué la clôture du centre fermé 127 bis et l’appareil photo d’un policier qui se faisait passer pour un journaliste, mérite sans doute d’être inscrit au programme des étudiants en droit tant il concentre toutes les bavures que la justice peut commettre, de l’instruction au jugement du tribunal : procès-verbal rédigé par la victime elle-même, préventions grossies, détournées, jugement prononcé sans disposer de toutes les pièces...
L’équipe de "Fait divers" ne pouvait que revenir sur l’histoire de ce militant du collectif contre les expulsions, le premier à avoir été poursuivi pour avoir participé aux manifestations qui ont suivi l’expulsion forcée des Tziganes en octobre 99. A revoir ainsi l’enchaînement des faits, on ne peut en effet qu’éprouver un profond malaise. La justice donne dans ce dossier l’impression d’avoir été d’un parti pris évident comme si elle voulait punir pour l’exemple un militant politique.
Mais il y a aussi les images du visage tuméfié de Pascal Marchand, le terrible témoignage de l’avocat qui l’a trouvé au cachot après avoir été roué de coups. Elle fait froid dans le dos, cette image de la justice, de la "gestion de la cité", pour reprendre l’expression du procureur du Roi de Bruxelles, Benoît Dejemeppe, qui compare Pascal Marchand à l’Antigone intraitable, forcément en guerre contre les Créon qui "prennent leurs responsabilités". Des Créon qui, comme le note l’avocat liégeois J.P.Brilmaker, ne supportent par ceux qui leur échappent totalement.
En prison pour une cause juste
Pascal Marchand a joué le jeu de la résistance passive jusqu’au bout en ne réagissant à aucun des signaux que lui envoyaient les forces de l’ordre. Je ne réponds jamais aux convocations de la police, explique-t-il. Cette manière de ne pas jouer le jeu, c’est cela surtout qu’il a payé très cher. L’expérience vécue par ce militant, père de trois enfants, a été éprouvante, physiquement et moralement. Dommage que l’émission reste tant attachée aux faits et aux discours, qu’elle restitue si peu l’émotion, la colère qu’ont dû vivre Pascal Marchand, sa compagne, ses amis. Certes, l’homme n’est pas du genre à s’épancher ni à se considérer comme une victime, mais peut-être aurait-il fallu creuser un peu, chercher derrière le masque ce qu’a pu ressentir quelqu’un qui, en quelques heures, se trouve totalement isolé, confronté à une violence qu’il n’a sans doute jamais imaginé vivre.
On frémit aussi en écoutant sa compagne expliquer comment ses enfants semblent avoir compris sans trop de problèmes que leur père était en prison pour une cause juste. Tout cela est raconté sans colère sur ce même ton calme et tranquille qui est celui de Pascal Marchand racontant son tabassage devant la prison de Forest. Comme si tout cela était prévisible et somme toute "normal".
Martine Vandemeulebrouke in Le Soir
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