200 personnes se sont regroupées, mercredi après-midi, dans la zone neutre, à Bruxelles, théoriquement interdite à toute manifestation...
Mobilisés à la hâte par diverses associations telles que le Collectif contre les expulsions, Oxfam ou l’Association des Nigérians de Belgique (ANB), les manifestants s’étaient retrouvés devant le cabinet du ministre de l’Intérieur, Louis Tobback, qui tint sa conférence de presse au Sénat. Les manifestants s’y rendirent alors. Vingt-trois d’entre eux seulement parvinrent à s’introduire dans les bâtiments du Parlement dont ils furent rapidement refoulés par les gendarmes. Tous ont fait l’objet d’une arrestation administrative.
Christopher Oliha, secrétaire général de l’ANB, s’est retrouvé, lui, coincé dans la cour du Sénat, où il lança en vain : Je veux écouter ce que raconte le ministre. Je suis un représentant du peuple, laissez-moi entrer.
Alors, Christopher nous a raconté une partie de sa vie. Moi aussi, je viens du Nigeria. Je suis arrivé en Belgique il y a neuf ans, comme étudiant. Heureusement, je n’ai jamais été candidat réfugié. Sinon, j’aurais sans doute connu le même sort que mes compatriotes : brimades, refus, expulsion...
De l’autre côté des grilles, des manifestants déploient des calicots. On accroche de grands draps noirs sur lesquels on lit : "Stop aux expulsions, Tobback assassin" ou encore "Onze Staat moordt", notre Etat assassine.
Christopher reprend : C’est parce qu’après mes études je me suis marié que j’ai pu obtenir la nationalité belge . Connaissait-il le cas malheureux de Semira ? Bien sûr, mais je n’ai jamais pu entrer directement en contact avec elle, déplore-t-il. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Son association compte 96 membres effectifs, mais il y a au moins 5.000 Nigérians en Belgique , assure-t-il.
Rue de la Loi, à l’entrée d’honneur du Parlement, les gendarmes ont eu le temps de s’organiser : on ne passe plus du tout ! Une partie de cache-cache commence alors dans les allées du Parc de Bruxelles entre force de l’ordre et manifestants.
Les militants du Collectif contre les expulsions ont annoncé une nouvelle action pour ce jeudi, à 18 heures, devant l’Office des étrangers.
C.D.B. in Le Soir, 24 septembre 1998
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