Nous refusons « une politique de l’immigration » qui ne traduit pas l’enfermement et les expulsions. Nous dénonçons la réalité d’une Europe forteresse (...) Dans un contexte de criminalisation croissante des mouvements sociaux, nous rappelons que la contestation politique est un droit fondamental (...).
Le 21 février prochain, devant la 44e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles, débutera le procès des 18 membres du Collectif contre les expulsions et les centres fermés. Neuf autres prévenus comparaîtront à Liège à date indéterminée.
Ceux-ci sont poursuivis dans le cadre d’actions menées contre l’expulsion de Semira Adamu, étouffée à mort le 22 septembre 1998, et contre la rafle, à Gand, de 74 Roms suivie de leur rapatriement forcé le 4 octobre 1999. Au total, 19 charges sont retenues contre ces militants, parmi lesquelles : « destruction de propriété mobilière », « menace par geste », « entrave méchante à la circulation »...
A la veille de ce procès politique à peine déguisé, dixit les inculpés, leur comité de soutien bat le rappel : cyberactions, pétition, semaine de sensibilisation à l’ULB, festival des résistances... (lire le programme ci-dessous) Nous voulons affirmer le sens politique de nos actions et obtenir l’acquittement des prévenus, annoncent sans ambages les responsables du comité de soutien.
Forts d’une pétition déjà signée par 3.000 personnes, les membres du Collectif entendent profiter de ce procès inédit pour relancer le débat et attirer l’attention de l’opinion publique sur la problématique de ces centres fermés au service d’une politique systématique de criminalisation de l’étranger. Autant de lieux de non-droits, de no man’s land inacceptables dans une démocratie, comme l’affirme Lise Thiry.
Mais l’enjeu de ce procès, estime la philosophe Isabelle Stengers, c’est aussi la résistance à la résignation. Et pour Nouria Ouali, sociologue, ce procès s’inscrit dans la tendance actuelle qui consiste à intimider, criminaliser et étouffer la réaction saine et salutaire de citoyens écœurés et révoltés par l’inhumanité et les abus de droits que nos institutions et nos responsables politiques pratiquent sans hésitation au nom d’une Europe démocratique, obsédée par l’insécurité, le terrorisme et la « gestion » des flux migratoires.
Artistes, intellectuels, parlementaires et simples citoyens vont donc se mobiliser durant toute cette semaine aux côtés du Collectif contre les expulsions qui, par ailleurs, recevra, ce lundi soir, à l’ULB, le prix de la Fondation Willy Peers récompensant des organisations militant en faveur des droits de l’homme.
Dimanche, devant le centre fermé 127 bis de Steenorkkerzeel, ces mêmes citoyens participeront au festival « des résistances » avec pour objectif de « rendre visible ce qu’ils veulent garder invisibles ». L’imagination est au pouvoir et les idées les plus inventives seront de la partie, annoncent déjà les organisateurs. Le 21 février, ils mettront le cap sur le Palais de Justice de Bruxelles. Et le 5 mars prochain, ils manifesteront devant le centre pour « illégaux » de Vottem .·
HUGUES DORZÉE
Le Soir - Le 17 février 2003
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