Les avocats plaident l’acquittement pour les gendarmes

mercredi 22 octobre 2003.
 

Les avocats du capitaine et de l’adjudant de gendarmerie chargés, le 22 septembre 1998, d’encadrer le rapatriement au cours duquel la jeune Nigériane Semira Adamu a perdu la vie par asphyxie ont plaidé mercredi l’acquittement de leurs clients devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.

L’avocat de l’Etat belge, pour sa part, a justifié la politique d’expulsion en vigueur à l’époque et a qualifié l’utilisation de la force de "légale et opportune". Pour les membres de la famille de la victime, il refuse un dédommagement quelconque, jugeant qu’ils n’ont pas démontré de lien affectif suffisant envers Semira Adamu.

Le capitaine Marc V., chef de la division contrôle des frontières à l’aéroport de Bruxelles National, était présent dans l’avion en tant qu’officier de liaison avec son supérieur. "Il n’était donc là que pour donner un aperçu complémentaire", a souligné Me De Ganck, qui indique que d’autres gendarmes et "chiens de garde" de la Sabena étaient mieux placés pour surveiller l’état de Semira Adamu, et qu’ils n’avaient rien remarqué d’anormal. Pour Me De Ganck, les mesures que son client a prises immédiatement après avoir été mis au courant de "problèmes" respiratoires de la jeune Nigériane le disculpent de la prévention de non-assistance à personne en danger. Et il n’est pas question de parler de coups et blessures involontaires, dont il répond également. Karl W., adjudant à l’époque des faits, "était chargé de gérer les passagers et, en cela, il a parfaitement rempli son travail", a plaidé Me Jaspaert. Lui non plus n’avait pas de vue directe sur les trois escorteurs, a-t-il dit, se demandant pourquoi son client se trouvait sur le banc des prévenus et non d’autres personnes présentes dans l’avion, ou encore un supérieur.

Pour Karl W. comme pour Marc V., leurs avocats ont demandé l’acquittement. Intervenant pour l’Etat belge, cité par les parties civiles en tant que responsable civil des cinq prévenus, Me Stommels s’est attaché à justifier la politique d’expulsion en vigueur à l’époque. "Mme Adamu a joui d’une procédure
d’asile correcte, épuisant cinq possibilités avant d’être déboutée. Un retour forcé était nécessaire et légal, et l’utilisation de la force était elle aussi légale et opportune", a-t-il plaidé.

Quant aux dommages réclamés par les parties civiles (oncle, frères et soeurs de Semira Adamu) "je ne vois même pas pourquoi vous accorderiez, Mr le président, un euro provisionnel", a-t-il dit. Selon lui, à travers les témoignages recueillis, les membres de la famille de Semira Adamu n’ont pas montré de lien affectif qui justifierait un dédommagement.

Répliquant aux plaidoiries, le procureur du Roi Hedwig Steppé a répété sa conviction selon laquelle les trois gendarmes escorteurs ont fait usage d’une force intentionnelle allant au-delà de la mesure strictement nécessaire.

Le président du tribunal, lui, a laissé entendre que Danny Cl - intervenu après que Semira Adamu fut tombée dans le coma, selon son avocat - pourrait avoir à répondre au cours des répliques de non-assistance à personne en danger, l’abandon de la prévention de coups et blessures semblant envisagée.

Vendredi 7 novembre prochain, chaque partie recevra l’occasion de répliquer.

Belga, 22 octobre 2003


0 signatures à cette pétition

Forum de l'article

Date Nom et site Web Message