Le procès des trois gendarmes soupçonnés d’avoir étouffé Semira aura lieu avant la fin de l’année, c’est une certitude, clame l’avocat des parents de la jeune Nigériane décédée en septembre 1998 à Zaventem dans un avion de la Sabena lors d’une tentative d’expulsion.
Une première étape sera déjà franchie le 24 avril prochain puisque l’affaire va passer devant la chambre du conseil , déclare Me Diependaele. Ce sera le règlement de procédure au cours duquel toutes les parties pourront demander des devoirs complémentaires. Nous ne le ferons pas car, à nos yeux, l’instruction a été correctement menée. D’autres parties civiles, comme la Ligue des droits de l’homme, en demanderont peut-être.
La date de comparution est confirmée par le parquet de Bruxelles. Un parquet qui revient d’ailleurs sur le renvoi demandé devant les assises pour les trois gendarmes incriminés. Au début de l’affaire, une plainte avait été déposée contre trois X, explique un magistrat. Le premier X a été identifié comme étant les trois pandores dans leur ensemble.
Le deuxième était le commandant de bord qui a été mis hors de cause. Les affaires se corsent avec le troisième X. Pour l’avocat, il s’agissait de Johan Vande Lanotte, ancien ministre de l’Intérieur, en poste au moment où la note pour l’utilisation du « coussin » a été élaborée.
L’actuel ministre du Budget et de l’Intégration sociale a été longuement entendu par la juge d’instruction Colette Callewaert l’an dernier en tant que témoin mais il n’a jamais été question de levée d’immunité ou d’inculpation. Le parquet a quand même souhaité le renvoi du ministre devant la chambre du conseil afin que toute la clarté soit faite et qu’il puisse être mis hors de cause publiquement, par un tribunal, ajoute le magistrat. Toutefois, après de houleuses discussions, le parquet général en a décidé autrement.
« Le contenu du dossier est explosif. Il démontre la responsabilité des politiques ».
L’avocat des parents de la victime fulmine. Le contenu du dossier d’instruction est explosif. Il démontre clairement la responsabilité des politiques et des supérieurs hiérarchiques des gendarmes. Seuls les petits sont poursuivis alors qu’ils disent dans leurs dépositions qu’ils avaient une pression énorme sur eux. La défense se base sur l’équilibre entre le but (l’expulsion obligatoire) et le moyen utilisé. Or, ce moyen a abouti à une agression.
Me Diependaele se demande alors s’il existe en Belgique une loi qui justifie qu’un meurtre soit commis ? Le rapport des psychiatres mentionne d’ailleurs la pression exercée sur les gendarmes mis en cause.
F. Delepierre - Le Soir, 9 mars 2001
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