Où y a-t-il faute, dans le sens pénal du terme, dans le chef de mon client ?, s’est interrogée à plusieurs reprises Me De Ganck, l’avocate du capitaine V., l’un des deux officiers de l’ex-gendarmerie présents dans l’avion qui devait ramener Sémira Adamu au Togo. Ce serait d’avoir autorisé que l’encadrement de ce rapatriement soit confié à Johnny P., alors que celui-ci avait été sanctionné disciplinairement peu avant ? Mais c’est oublier que Johnny P. avait fait entre-temps, après une période d’essai, l’objet d’une évaluation positive, signée par le colonel Tempels (qui commandait à l’époque l’unité de gendarmerie basée à Zaventem) et le chef du personnel. Johnny P. était donc complètement réintégré dans ses fonctions.
Le capitaine V. ne serait pas responsable du manque de formation des escorteurs à l’utilisation de la technique du coussin. Son comportement dans l’avion est également irréprochable, selon son avocate. On parle de négligence coupable dans son chef. Or, pour que ce soit établi, il faudrait qu’il ait refusé d’intervenir alors qu’il savait qu’il y avait danger. Ce n’est pas le cas. A aucun moment il ne s’est rendu compte que quelque chose allait mal. Le second officier, l’adjudant W., n’est pas plus responsable que son collègue dans cette affaire, a expliqué Me Geert Jaspaert. Quand il a désigné Johnny P. pour effectuer cette mission de rapatriement, il n’était pas au courant de son passé disciplinaire. M. W. n’avait pas de regard sur les dossiers personnels des accompagnateurs. Dans l’avion, son rôle était de surveiller les passagers, de contrôler qu’ils restent calmes. Il pouvait donc difficilement observer ce qui se passait derrière lui.
L’Etat belge, cité directement par les parties civiles en tant que civilement responsable, estime quant à lui, que tant le renvoi de Sémira que l’utilisation de la violence étaient légaux. Les sommes demandées par les parties civiles à titre de dommages et intérêts pour dommage moral (10.000 euros par membre de la famille de Sémira) sont excessives, selon Me Stommels, avocat de l’Etat. Citant de multiples témoignages, dont celui de l’oncle de Sémira, indiquant que la jeune fille n’avait plus de contacts depuis longtemps avec ses proches, il estime que le lien affectif, nécessaire pour qu’il y ait dommage moral, n’est pas prouvé
Fabienne Defrance in Le Soir - 23 octobre 2003
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