Critiques de l’aumônier

jeudi 18 septembre 2003.
 

Dans le procès "Semira Adamu", l’aumônier de Zaventem entendu aujourd’hui a porté un jugement sévère sur le collectif contre les expulsions

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a entendu jeudi 18 septembre deux témoins ayant connu Semira Adamu au centre fermé 127 bis, à Steenokkerzeel : l’aumônier de l’aéroport de Bruxelles-National et le directeur du centre 127 bis.

Le premier, Herman Boon, âgé de 73 ans, a dressé un portrait contrasté de Semira Adamu et s’est montré très négatif envers le Collectif contre les expulsions. Selon lui, le Collectif aurait poussé la jeune Nigériane à résister physiquement aux tentatives d’expulsion et incitait les passagers dans les avions à s’opposer aux rapatriements. "Semira, lors de mes deux premières entrevues avec elle, paraissait très gentille et calme. Mais au fur et à mesure que passaient les semaines, elle a peu à peu pris de la distance avec moi, ainsi qu’avec les employés du centre. Elle n’entretenait plus de contacts qu’avec les membres du Collectif", a indiqué l’aumônier.

Me Hein Diependael, avocat des parties civiles, a cherché à savoir si ce changement d’attitude n’était pas lié au fait qu’elle savait qu’elle allait être expulsée. "Ce sont deux choses différentes", a répondu l’aumônier. "Elle s’y attendait déjà en arrivant. Sa présence au 127 bis en est un signe suffisamment clair". Le directeur du centre en 1998, Geert De Vulder, a confirmé que la procédure de Semira était arrivée à terme et que la jeune femme savait qu’elle devait quitter le pays.

Mais selon l’aumônier, le Collectif contre les expulsions l’a malgré cela poussée à résister, même en utilisant la violence, lors des tentatives d’expulsion. Le religieux a cité l’exemple d’une tentative au cours de laquelle le Collectif, dans le hall des départs de l’aéroport, avait alerté les passagers afin qu’ils s’opposent à l’expulsion. L’Office des étrangers, en charge des expulsions à l’époque, avait déposé plainte en juillet 1998 pour des tracts distribués à l’aéroport par le Collectif.

"Sans le Collectif, je crois qu’il n’y aurait pas eu tant de violence autour de Semira", a encore affirmé l’aumônier, soulignant "l’attitude injuste de l’association envers les employés du centre" face à celle, "pacifique, du personnel du centre fermé 127 bis ainsi que des gendarmes à l’égard de la jeune Nigériane". Le témoignage de Herman Boon n’a pas manqué de susciter certains mouvements d’humeur dans l’assemblée.

Selon lui toujours, Semira prévenait le Collectif par un appel téléphonique codé avant les tentatives d’expulsion afin que ses membres viennent à l’aéroport pour tenter d’empêcher l’opération. "Ce sont du moins des rumeurs que des employés du centre m’ont confiées", précisera-t-il devant l’agitation des avocats des parties civiles.

Interrogé par la suite, le directeur du centre affirmera n’avoir jamais été témoin, ni avoir jamais entendu parler de cela. Le Collectif gênait également les opérations de check-in à l’aéroport et avait tissé des liens de sympathie avec des membres du syndicat des pilotes, a indiqué de son côté Emmanuel Vandenbergen, alors chef du service de sécurité de la Sabena. Ce qui n’allait pas sans créer certaines tensions, a-t-il précisé.

Interrogé également, Geert De Vulder, directeur en 1998 du centre 127 bis, a confirmé que les manifestations "quasi quotidiennes" devant le centre fermé avaient provoqué "beaucoup d’émotion" à l’intérieur des murs. C’est après ces actions que les visites de membres extérieurs à la famille des pensionnaires du centre ont été interdites. Il a confirmé le changement d’attitude de Semira, qui refusait de plus en plus les contacts avec les personnes à l’intérieur du centre. Il n’en a toutefois pas précisé la raison.
Les prochaines audiences sont fixées aux 1er, 8 et 15 octobre prochains

Communiqué Belga, le 18 septembre 2003


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