par Collectif contre les expulsions
« De ses yeux qui s’obscurcissaient K. vit encore,
tout près de son visage,
joue contre joue les deux messieurs observer l’issue :
" Comme un chien " dit-il ;
"c’était comme si la honte devait lui survivre" .
Kafka, Le procès
Nous avons à nouveau droit à un concert d’accusations à l’égard du Collectif contre les expulsions (CCLE) proférées dans le cadre du procès des gendarmes qui ont assassiné Semira Adamu et reprises dans la presse.
Si les gendarmes usent et abusent de la force lors des expulsions, si les sans-papiers se rebellent, si les passagers dans les avions réagissent « négativement », si la violence policière se généralise et s’intensifie, c’est toujours de la faute du Collectif contre les expulsions. Et, bien sûr, si Semira est morte, c’est de sa faute et, indirectement, de la nôtre.
Nous sommes habitués à ce genre de propos. En réalité, ils nous ont accompagné depuis notre naissance à travers toutes nos actions et prise de positions. Lorsqu’on ne cherche pas à mettre dos-à-dos la violence policière et la « violence » du CCLE, on accuse plus simplement le Collectif d’être
responsable de tout. « Toute la violence venait de l’extérieur » affirmait encore récemment un salaud notoire.
Est-il encore nécessaire de démonter ce genre d’arguments lâches et imbéciles qui revient à accuser les juifs de l¹antisémitisme des nazis et sert à justifier toutes les violences du système ?
Est-il encore besoin de répondre à une logique qui défend des hommes qui n’ont à aucun moment reconnu leur responsabilité et n¹ont jamais éprouvé ni remords ni regrets ?
Mais pouvait-on attendre autre chose de ces gens-là, de ce procès, de cette Justice, de ce système ?
Ce genre de déclarations repris et généralisé, de manière plus ou moins subtiles, plus ou moins brutal, à tous les niveaux des institutions correspond à l’immunité et l’impunité d’un Etat qui cherche toujours ailleurs qu’en lui-même les causes des échecs, de la violence et des « dysfonctionnements ». Cette irresponsabilité érigée en système, nous en dénoncions déjà les mécanismes dans notre communiqué du 14 octobre 2003 :
« On accuse tour à tour les hommes et le système pour n’avoir à juger ni le système ni les hommes. On divise et dilue la responsabilité tant et si bien qu’elle disparaît dans un écheveau incompréhensible d’ordres et d’institutions et qu’il ne reste plus ni crime ni coupable, ni mémoire ni justice ».
Rappelons quelques évidences. Nous n’avons pas inventé les expulsions, nous n’avons pas inventé la violence policière, ni la résistance des sans-papiers. Et nous n¹avons pas inventé Semira Adamu. Ni son assassinat atroce.
Dans cette boue intellectuelle où sombre, il semble qu’il n’y ait que le CCLE qui mette en avant sa responsabilité, la responsabilité de chacun et de tous. Nous avons toujours et nous continuerons toujours à affirmer notre responsabilité dans la lutte contre la politique des expulsions.
Nous avons toujours revendiqué notre droit, notre devoir de désobéir à des lois injustes et meurtrières.
Semira n¹est pas morte à cause de la révolte et de la désobéissance de quelques personnes mais bien à cause d’une politique qui cache sa violence et son injustice derrière l’irresponsabilité systématique, l’obéissance aveugle et l’indifférence disciplinée.
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