par David Lefèbure
Deux semaines après la manifestation de Vottem, les sénateurs rassemblés en séance plénière ne furent guère indignés de l’abjecte contrevérité assénée par un élu Vlaams Blok et relayée par un ministre. Un mandataire issu de l’extrême droite a en effet prétendu que les dégâts perpétrés nu centre fermé de Vottem ont été l’oeuvre du collectif contre les expulsions. Au ministre interpellé de répondre à ce sujet : "A Vottem, la gendarmerie n’a pas eu recours à la violence. Je lui avals demandé d’adopter une attitude défensive, de sorte que plusieurs gendarmes ont été blessés".
S’il est déplorable d’avoir dû panser des blessures -tant auprès des gendarmes qu’auprès des manifestants- il serait opportun de rappeler que sur les treize arrestations administratives effectuées, onze militants d’extrême-droite en ont été l’objet -Sorry, monsieur Verreycken.
Quant à l’attitude défensive des pandores, nous avions en effet pu apprendre qu’une consigne leur fut adressée pour qu’ils ne portent pas de casques, mais des bérets et qu’un cordon de policiers communaux coupe tout contact avec la gendarmerie. Mais de cette information diffusée au journal parlé de treize heure, il n’en fut rien sur le terrain. -Sorry, monsieur Van Den Bossche.
De cette tribune sénatoriale aux propos irrespectueux à l’égard de l’action collective, je déplace la réprobation publique sur le cabinet du nouveau ministre de l’intérieur (le même que sous Louis Tobback) qui mène une politique de criminalisation à l’encontre du collectif contre les expulsions.
Souvenez-vous. Le mois d’août de cette année vit deux membres du collectif contre les expulsions privés de liberté durant quarante-huit heures pour avoir jeté des oeufs sur un fourgon cellulaire. Sortis de leur geôle pour être traduits devant la chambre du conseil, un impressionnant dispositif des forces de l’ordre protégeait le tribunal et la presse fut écartée. Comme si des terroristes allaient être jugés. -Risible !
Plus gravement, nous avons pu constater à Vottem que l’objectif de criminalisation a inspiré un agencement des forces de l’ordre particulièrement provocateur. Le désir de produire des affrontements était manifeste ; tant les fumées lacrymogènes ont un "bon" effet à la télévision.
Ainsi, tandis qu’un ministre clame au sénat -sans exactitude aucune- l’attitude défensive de ses fonctionnaires armés, l’inquiétude s’accroît quant à la manipulation opérée à un échelon de la hiérarchie desdits fonctionnaires, "de sorte que plusieurs gendarmes ont été blessé".
C’est toutefois au pouvoir judiciaire que revient la palme de l’imagination lorsqu’un collectif résidant sous le même toit, le "cia-macdo", s’est vu imputé la responsabilité d’ossements déposés devant un fast-food bruxellois. Ce collectif ayant finalement été reconnu étranger à cet acte condamné par tous, il faut noter que les perquisitions menées dans le cadre de cette enquête le furent tout autant ! Comment se fait-il en effet que le premier local "visité" fut celui du collectif contre les expulsions ? Pourquoi la presse fut-elle avertie ? Est-ce réellement une coïncidence d’avoir orchestré une perquisition au moment précis où les résidents de l’immeuble exprimaient leur sentiment à l’égard de Pinochet devant l’ambassade de Grande-Bretagne ?
La police judiciaire parut être admirablement informée sur la disposition des locaux. Sans rien découvrir, c’est di-rec-te-ment au local du collectif contre les expulsions qu’elle s’est dirigée, ignorant par là l’objet de sa perquisition au profit de la capture d’un réel trésor de guerre : les ordinateurs du collectif, des dossiers relatifs aux réfugiés politiques et des listings de soutiens. Seule une infiltration préalable de la gendarmerie pouvait fournir des précisions sur l’immeuble aux autorités judiciaires fraîchement saisies. Quels bénéfices la gendarmerie en a-t-elle retirée ?
Aussi, ternir la sympathie de l’opinion publique à toute forme d’action collective ne put pas mieux s’effectuer qu’en conviant la presse à assimiler le collectif contre les expulsions à une histoire d’attentat macabre. Rappelons à ce sujet que le seul et unique groupe terroriste connu sur lé territoire belge (alm-belgium) semble être mis hors de cause et qu’en aucune manière le collectif cia-macdo est aujourd’hui suspecté de ce type d’agissements condamnables. Le dernier suspect qui ne soit pas encore écarté est le cabinet de l’intérieur qui dans sa logique de criminalisation de l’action collective n’aurait pas manqué de créer un "prétexte" pour s’approprier un trésor de guerre.
Enfin, si le collectif connaît des intimidations depuis le début de ses activités, telles ces arrestations opérées à l’aéroport, le soutien et la participation au collectif ne peuvent en être affectés.
Sénat. cra séance du 15/10/98,- doc. 1-213
Le Soir, 05/10/98 pg 11 "Bilan : 13 arrestations administratives (dont 11 militants d’extrême-droite Referendum menés par Dominique Samain, que les musclés du Front antifascistes ont refoulé) ...
JP-rtbf 04/10/98,- 13h
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