Par Bénédicte

La presse a répercuté avec une avidité morbide la découverte des restes humains le lundi 19 octobre devant le Mac Donald’s de la Porte de Namur. Ce fait classé dans la rubrique faits divers a cependant été associé à l’action politique du Collectif d’information et d’action contre la Mac Domination (C.I.A-Mc.Do) et aux actions directes du groupe A.L.F. sans aucuns questionnements, ni connaissances préalables. On peut considérer le travail soi-disant d’information comme une belle synthèse de préjugés et d’ignorance.

Le Collectif Contre les Expulsions voudrait témoigner son soutien envers le travail du C.I.A-Mc Do, et aimerait, dans ce bulletin, démêler les amalgames simplistes dont il a été victime. Ce Collectif participe n un réseau mondial dénonçant les méfaits, fraudes et abus commis par la multinationale, ceux-ci ont été reconnus comme vrais lors d’un procès qui opposa la multinationale à deux militants anti Mac Donald’s au Royaume-Uni en 1997 :

 publicités mensongères sur les valeurs nutritives de ces produits : la nourriture Mac Do est trop riche en sucre, en graisses et sel, et trop pauvre en vitamines et fibres végétales. Elle peut être mise en relation avec le développement du cancer, de maladies de la peau, de l’obésité et du diabète.

 possibilité d’empoisonnement par la consommation de produits Mac Do : utilisation de fiente de poulet, transmettant la salmonellose, dans l’alimentation des bovins destinés aux hamburgers. Aux USA, 80 millions d’empoisonnements pouvant être mortels ont été recensés.

 exploitation préméditée des enfants par la publicité, la propagande et les gadgets de promotion. Ceux-ci exercent, en effet une influence majeure dans le choix de leur nourriture et sont une cible de marketing facile.

 exploitation systématique des employés ainsi que des conditions de travail déplorables : la moyenne du service aux clients est de 7 à la minute alors que dans la restauration traditionnelle, elle est de 5 à 10 clients par HEURE, Mac Do ne créé donc pas de l’emploi, que du contraire !!! De plus, les salaires sont les plus bas autorisés par la législation en vigueur dans le pays, les heures supplémentaires ne sont pas payées. II existe une hostilité ouverte face aux syndicats, de nombreux accidents de travail surviennent découlant directement de la pression imposée pour travailler plus et plus vite, 80% des emplois sont à temps partiel et temporaires. Mac Do opte en outre pour une politique sexiste : les femmes sans enfants doivent avoir une horaire plus flexible, 66% de femmes chez les "équipiers" ( les exécutants ) et 81% d’hommes chez les "managers"...

 traitement cruel des animaux dans des élevages industriels intensifs : Mac Do est le premier utilisateur mondial de boeuf, le deuxième de poulet. Ces derniers élevages se font dans des salles noires, leur alimentation est bourrée d’antibiotiques, et enfin la chambre à gaz pour tuer les animaux malades et l’électrocution nu bout de 6 à 7 semaines pour les autres.

De plus,

 une norme homogène et sous-culturelle : l’individu macdonalisé mange toujours la même chose, de la même façon, dans le même cadre et avec le même service quels que soient son âge, sa culture, son sexe, son pays, sa condition,... il se trouve donc complètement infantilisé dans ses choix.

 exploitation du tiers-monde : les céréales cultivées nourrissent beaucoup plus de personnes que la viande qui découlent des animaux nourris avec ces mêmes céréales. Au Brésil, 23% des produits issus des terres cultivées servent à l’exportation pour l’élevage du boeuf, au Guatemala, 90% de la production de boeuf part aux USA...

 exploitation de l’environnement : l’utilisation du papier recyclé est très faible chez Mac Do, les déchets d’emballages génèrent près d’ un million de tonnes par an, les surfaces de pâturage détruisent les forêts, l’agriculture de Mac Do intensive et chimique pollue et détruit ainsi les sols...

Le C.I.A. -Mc Do. s’inscrit dans le projet du Centre Social et participe entièrement à son travail de résistance, de lutte, de réflexions et d’actions critiques face aux manières de penser, de vivre et d’agir nous étant imposées. Le roi du fast-food s’intègre au règne de la pensée unique en imposant une façon de manger, de vivre et de penser uniformisée, créant ainsi une norme infra-culturelle (cf. Paul Ariès)
Le C.I.A-Mc Do. s’est créé au début du mois d’octobre pour préparer la journée internationale d’actions contre la mec Domination. Cette journée visait la sensibilisation du grand public aux dangers divers que représentent les multinationales du fast-foods. Les participants ont, pour ce faire, distribué des tracts explicatifs et de la nourriture "maison" alternative aux fast-foods. Une représentation de théâtre-action au sein du resta fut empêchée par les forces de l’ordre.

Le lundi suivant, des restes de corps étaient retrouvés devant l’entrée d’un des Mac Do où avaient eu lieu les actions de sensibilisation. Cependant, il suffit d’un poil de bon sens pour se rendre à l’évidence que les deux "événements" ne peuvent être en rien liés et que leur identification ainsi que celle avec le groupe A.L.F. favorisent des amalgames préjudiciables pour le C.I.A. -Mac Do et le Centre Social. De la même manière, ces amalgames légitiment une répression simpliste sur les différents groupes de lutte (dont la première manifestation apparut trois jours plus tard par la perquisition du centre social qui touchât de plein fouet le CCLE).

Tout d’abord, l’ALF et le CIA-Mc Do. luttent contre les fast-foods sur bases de critères différents et selon d’autres modes et avec d’autres moyens.

Ensuite, il est évident que les premières actions du CIA-Mc Do centrées sur la sensibilisation du grand public et utilisant la bonne humeur et la solidarité (distribution de nourriture "maison") ne préfigurent aucunement le type d’acte anonyme, souterrain et morbide qu’est le dépôt d’ossements face ù un MacDo.

De plus, quel(s) intérêt(s) pouvait en retirer le CIA-Mc Do ?
AUCUN, que du contraire. Ce collectif qui venait de se former et d’entamer sa première action a la volonté de se développer et de mener une lutte à long terme. Le fait de déposer des ossements humains, premièrement discrédite les actions passées et futures du groupe, tout travail de sensibilisation du public et la lutte contre l’empire Mac Do. Deuxièmement, ce geste n’a aucune portée constructive et ne peut qu’avoir une répercussion négative dans l’opinion générale.

De plus, tous les collectifs du Centre Social savent bien que la réalisation de n’importe quel acte déclaré illicite entraîne automatiquement une répression qui s’abat sur l’entièreté du projet et nuit au travail de chacun des collectifs. Nous ne prenons donc ce risque qu’en cas de nécessité tel la solidarité avec les clandestins.

Nous pensons donc qu’il faut se rendre n l’évidence que le dépôt d’ossements ne peut être en rien l’œuvre du CIA -Mc Do mais aussi, que la lutte et le travail de réflexion et d’action de ce collectif sont importants et nécessaires.

Votre positionnement critique face aux informations "offertes" par la presse et aux actions du CIA-Mc Do ainsi que votre soutien à leur remise en cause de la pensée unique et homogénéisante de l’empire Mac Donald’s sont aussi nécessaires que celui que vous apportez au CCLE.

Bénédicte

Le réseau international est animé par McLibel Support Campaign, 5, Caledonian Road . London N1 9 DX. Serveur internet : Mcspotlight.org.

Bibliographie :
Paul Ariés, "Les fils de Mac Do", Ed. L’Harmattan. 1997.
Silence, n°239, octobre 1998.
Alternative Libertaire n°211, novembre 1998, pg. 17-20.