D’où la nécessité de continuer...

novembre 2003.
 

Par Elisabeth

Depuis des siècles, l’Occident a peu à peu imposé ses repères au monde. Frontières, modes de vies, normes et lois deviennent universelles. Les grands patrons et les Etats investissent au-delà des nécessités humaines dans le but d’augmenter leur pouvoir économique. Leur richesse augmentant, le nombre de personnes libres et capables de survivre économiquement diminue.

Cet amoncellement de richesses implique de tirer profit des individus, clandestins et réguliers, à plusieurs niveaux. Or, ceux qui portent l’étiquette "réguliers " ont la force pour eux car plus nombreux, sans oublier qu’ils détiennent le fameux pouvoir d’élection, seule possibilité légale de contrôler ou faire pression sur nos dirigeants. Dès lors, des discours qui justifient les activités des détenteurs de pouvoir et qui présentent celles-ci comme légitimes sont élaborées afin que le système puisse continuer à être avec le consentement de ses victimes.

Ces discours posent pour naturels ou inévitables des lois, normes et autres fonctionnements, modes de vies, qui sont le résultat d’une logique inversée privilégiant la croissance économique au détriment du respect de l’humain. De telles justifications transitent via l’éducation, officielle et même officieuse. Les médias, dont le discours concorde bien souvent avec la logique ici dénoncée, participent aussi à l’endoctrinement par de nombreux biais : mises en valeur de certains modèles, miroitement des différents signes de richesse, présentation déformée ou "nuancée " des faits. Bien entendu, les discours politiques, "scientifiques", "théologiques " et économiques dominants, étant donné l’autorité qu’ils ont acquise dans notre société, ont un impact sur la conscience des individus. Cette conscience individuelle fonctionne "naturellement " selon la même logique qui pose le système de lois construit comme schéma de base à toute pensée. C’est ainsi, par exemple, que des arguments niant tout respect de l’homme et de son droit naturel à habiter la planète sous un prétexte économique font écho chez la plupart.

L’appropriation, et le confort pour soi sans se préoccuper de l’autre est légitime tant que l’on se trouve du bon côté du fossé arbitrairement creusé. Des familles que l’on sépare, tue, détruit, exploite de par le monde se voient refuser l’accès à l’Espace de Schengen. Cette prétention de la C.E.E à nier la possibilité à certaines personnes de choisir librement leur "endroit ", celui où elles voudraient vivre, loin des famines, des guerres, des dictatures ou de tout autre entrave à leur existence est arbitraire et économiquement motivé. L’acquisition d’une partie (qui va en grandissant) de la planète et la présentation de cette appropriation comme étant légitime est à dénoncer.

Des discours alternatifs existent. Nombreux sont les chanteurs dont les textes sont universellement ou nationalisent connus et qui préconisent des valeurs plus humaines. A l’université, les manipulations, à plusieurs niveaux, sont dénoncées avec plus ou moins de transparence. Des émissions radio, télévisées, des journaux dénoncent la logique capitaliste et ses conséquences. Des organisations travaillent en ce sens, des individus se réunissent et mettent en place leur propre système, d’échange, de réunion, de construction, de création d’une pratique quotidienne qui se trouve être cohérente avec leurs propres convictions.

Cependant, encore inscrits dans une logique répondant au système, ces discours présentent une incohérence qui renvoie l’individu dans une situation insécurisante. Et qu’est-ce qui m’arrive si... ? Tout s’écroule. La logique de compétition demande à chacun de prendre ses précautions pour sauver sa peau. Cet isolement peut mener à la résignation, l’essoufflement ou la marginalisation (l’exclusion) de ceux qui ont refusé de s’intégrer à un système qui ne leur convient pas.

On peut également se poser la question de l’impact des discours alternatifs précités. En effet, certains éléments auraient déjà dû aboutir à des prises de positions individuelles plus assumées face à un civisme pour le moins contradictoire : aller manifester pour défendre des individus, et exiger leur libération, par exemple ; et ensuite demander à ceux qui sont à deux pas de détruire les murs de leur prison de faire marche arrière parce que c’est "trop "... Trop quoi ? Trop violent ? Trop vite ? Trop dégueulasse ? Trop dangereux ? Jusqu’où ces personnes sont-elles prêtes à être cohérentes avec leur discours ? Jusqu’à quelle limite ces personnes ont-elles une conscience et une personnalité autonome ?

En posant des actes, nous nous donnons la possibilité, à tous, humains, de nous intégrer dans d’autres systèmes. Nous nous permettons de choisir notre vie, nos croyances et nos priorités. Nous tentons de nous protéger des dents trop longues qui se mangent déjà entre elles... Les centres sociaux et d’autres groupes créent des réseaux alternatifs.

Pour survivre, la conscientisation des individus est donc nécessaire, mais seule, elle apparaît inefficace, puisqu’elle existe déjà depuis des siècles. L’action et assumer ses mots, ses convictions personnelles jusqu’au bout ont un rôle complémentaire. Séparés, chacun finira dans le vide qu’il n créé autour de lui ou dans l’amertume de la résignation. Le but de toute conscientisation est de donner la possibilité aux individus de réfléchir selon leurs propres critères et non ceux qu’on leur imprime de façon traître. Des individus critiques et autonomes soutenus par des possibilités de survie construites et en action, non utopiques ou promises, est-ce en train d’exister ? Et jusque quand ? La lutte contre l’endoctrinement qui fut ici dénoncée est à peine commencée, l’Etat par ses propres bavures, de plus en plus nombreuses se dénonce lui-même. Mais des logiques enregistrées, perçues comme naturelles et acceptées entraînent des rejets de discours et actes "subversifs " également du côté des victimes. Ce rejet difficile à combattre est l’obstacle nu soutien dont nous avons besoin pour nos actes. Paradoxalement, ce sont ces mêmes actes qui peuvent nous gagner ce soutien par la preuve d’une nouvelle vie possible, et tout aussi culturelle.

Une de nos armes pour tenter de sortir de ce cycle est sans aucun doute de pouvoir démontrer à toute personne avec des exemples de faits concrets que la logique qu’elles pensent naturelle est tout simplement un beau piège à cons. A nous de diffuser, à eux de tirer leurs conclusions.


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