Deux des trois gendarmes ayant pria part à l’expulsion de Semira mardi ont été, après une longue audition par le juge d’instruction Colette Callewaert, inculpés mercredi après-midi pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le juge les a laissés en liberté, après avoir fait procéder, dès l’après-midi, à une reconstitution des faits dans les locaux de la police judiciaire. Le troisième gendarme, qui n’est intervenu que très partiellement dans cette tentative avortée d’expulsion, a quitté le bureau du juge d’instruction sans avoir été inculpé.
L’enquête se poursuit à la section centrale de la PJ, qui a déjà à sa disposition plusieurs cassettes vidéo pour analyse : celle de la tentative d’expulsion qui s’est terminée tragiquement pour la jeune demandeuse d’asile nigériane, mais aussi de précédentes tentatives d’expulsions de celle-ci et d’autres réfugiés. Les enquêteurs disposent enfin d’un film vidéo destiné à la formation des forces de l’ordre, qui montre les méthodes à utiliser en cas d’expulsion.
Ainsi, la fameuse et contestée technique du « coussin, généralement appliquée aux cas « difficiles » est retenue en Belgique et aux États-Unis, alors que la Hollande lui préfère les calmants (ou le « tape » sur la bouche jusqu’en 1992) : elle fut utilisée à douze reprises en 1998.
Renseignements pria à la gendarmerie, il apparaît d’ores et déjà qu’aucune sanction ne sera prise, pour l’heure, à l’encontre des gendarmes inculpés, qui font partie du détachement de l’aéroport (250 hommes) et qu’une source bien informée nous décrit comme des gens « expérience », qui n’en étaient certes pas à leur première expulsion.
« Et cela aussi longtemps que l’enquête judiciaire suit son cours », nous a déclaré Els Cleemput, porte-parole. « Ils sont actuellement eh congé de maladie. Ils n’interviendront plus pour les expulsions et seul le commandant de leur unité peut éventuellement décider de mesures disciplinaires ensuite, mais l’enquête et les résultats de l’autopsie (NdIR : celle-ci a été opérée mercredi dès 15 heures, les résultats ne seront connus qu’aujourd’hui) doivent encore établir l’exactitude des
faits ». Pour rappel, le parquet est descendu à Zaventem entre 11h50 et 14h30 mardi, en la personne de trois substituts et du juge d’instruction. L’avion, un A330 de la Sabena, est resté immobilisé sur le tarmac, avec plus de 200 passagers à bord. Les magistrats y sont grimpés pour procéder à diverses auditions de témoins directs. Semira était installée à la dernière rangée centrale de trois fauteuils, entre deux gendarmes. Un troisième filmait. Il nous revient que depuis le début, le parquet a estimé les faits comme des violences graves, sans savoir, toutefois, qu’il s’agissait de cette candidate réfugiée dont les médias avaient tant parlé.
N.Fe.
La Libre Belgique - 24 septembre 1998
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