Prenant explicitement parti pour les gendarmes et le personnel des centres fermés, celui-ci (NDLR : l’aumônier Herman Boon) accuse pêle-mêle Semira Adamu d’avoir fait un faux témoignage, le « Collectif contre les expulsions » d’inoculer la violence au sein du 127 bis et d’« utiliser » l’image de Semira, et encore certains réfugiés de mentir sur leurs conditions de détention.

Le Collectif est atterré devant un témoignage si peu respectueux à l’égard d’une personne décédée, d’autant plus qu’il émane d’un catholique dont nous sommes en mesure de dire qu’il ne connaissait qu’à peine Semira Adamu, que peu de réfugiés du 127 bis le connaissaient lui-même. Ses affirmations sont le fruit de conversations avec des personnes tierces et tiennent donc de la méchanceté gratuite. Il est à espérer que le clergé prenne rapidement position pour se dissocier d’un témoignage d’une telle mauvaise loi, haineux et indigne de la mémoire d’une morte.

Le Collectif tient également à rappeler les nombreux témoignages de réfugiés, d’assistants sociaux, de parlementaires, de pilotes de ligne et de passagers qui condamnent sans appel, et depuis longtemps déjà, les conditions inhumaines de détention et de rapatriement forcé desdemandeurs d’asile.

Enfin, à l’adresse de M. Boon comme à celle de M.Tobback, le Collectif souligne qu’il n’a jamais eu pour objectif d’introduire de la violence ni plus de répression à l’intérieur des centres fermés. Mais bien d’établir des contacts avec des réfugiés injustement incarcérés et coupés du monde extérieur par une administration qui n’a pas le dialogue, la transparence et la clarté comme vertus. II n’y a pas de bonnes causes pour justifier l’enfermement et le meurtre d’innocents !

C’est en effectuant ce travail de relation avec des réfugiés que le Collectif et Semira Adamu sont entrés en contact, et ont noué pendant plusieurs mois une véritable relation d’amitié. II est révoltant d’entendre aujourd’hui parler de récupération ou de manipulation de Semira.
Le Collectif ne s’associe à aucune tentative de martyrisation de Semira.

Le Soir - 1er octobre 1998