II n’aura pas fallu beaucoup de temps au gouvernement belge pour étouffer les cris d’indignation suite au meurtre de Semira. La tâche était aisée, le terrain balisé. Le racisme latent émanant des discours officiels a fait son oeuvre. Semira eu été Bleu-Blanc-Belge, l’histoire se serait déroulée autrement. Mais voilà, on expulse pas les belges.
Heureusement elle avait vingt ans et une voix d’ange. Deux jours avant sa mort, elle s’était fait un visage et une histoire sur les antennes de la RTBF. Le lien qui s’était créé entre elle et de nombreux spectateurs fut rompu de manière brutale. L’émotion fut vive.
Mais Semira était étrangère, noire, illégale. Certes, on étouffe pas une jeune fille. C’est un triste accident. Mais est-ce une raison pour remettre tout en cause ? Ne lui a-t-on pas donné de faux espoirs ? Ne fut-elle pas manipulée ? Etait-elle si pure, comme on veut nous le faire croire ?
Passée l’émotion reviennent les préjugés, ce racisme latent martelé depuis si longtemps par les faiseurs d’opinion.
C’est presque avec soulagement qu’une partie de la population a accueilli la nouvelle. Semira était vouée à la prostitution. Des preuves ? Aucune, mais l’info passe bien et se répercute dans toute la presse. Le ministre confirme. Au conditionnel !
Depuis la mort de Semira, le gouvernement n’a eu de cesse d’asseoir sa politique d’expulsions massives et d’étouffer toute contestation, tout débat.
Tobback a démissionné, mais son esprit nous écrase. Affirmer que Semira était vouée à la prostitution cautionne le discours liant immigration et criminalité. C’est une priorité pour ce gouvernement. Il peut maintenant durcir son attitude envers les réfugiés et sans papiers. Comme en témoigne le passage à tabac des détenus du 127 bis (rouvert depuis peu) par les gendarmes, ce 31 octobre.
Le Collectif a subi les foudres du ministre de l’intérieur. II n’en est pas sorti indemne. Mais la volonté de combattre les lois scélérates reste intacte. Un de nos moyens est la diffusion de ce bulletin, que nous essayerons de sortir le plus régulièrement possible (tous les 3 mois).
Nous aimerions qu’il devienne un journal d’information, de débat et nous espérons qu’il sera aussi un espace d’investigations.
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