par Daniel Lefèbure
La mort de Semira Adamu est sans doute l’apothéose tragique d’une politique en matière d’expulsions que diverses organisations ont pourtant dénoncée à plusieurs reprises.
Ainsi, depuis de nombreux mois, la Ligue des Droits de l’Homme avait recueilli des témoignages accablants, provenant même du personnel des centres fermés, s’insurgeant de l’état dans lequel rentraient les déportés qui ont résisté à leur expulsion. Le courrier adressé à plusieurs reprises au ministre de l’intérieur est toujours resté lettre morte.
Sous une autre forme, mais dans un esprit pacifique -toujours-, des individus comme vous, comme moi ou comme tout quidam se sont rassemblés pour former un "collectif". Ainsi naquit le Collectif Contre les Expulsions. 4, 7, 12… personnes au début pour se retrouver 200 avant hier nu chevet de Semira et 1.300 cette nuit (selon la police) pour manifester devant l’Office des Etrangers de Bruxelles.
Aujourd’hui, c’est toute la Belgique qui est encore sous le choc. Et chacun, à sa place, témoigne de son émotion, de sa colère ou de sa haine. Tous ont quelque part contribué à appuyer la démarche des organisations humanitaires. Car enfin, cela ne se fait pas uniquement à l’achat d’une bougie le 10 décembre.
Le ministre de l’intérieur a présenté sa démission au premier Ministre, il y a à peine quelques heures.
Je n’ai ni recul, ni compétence qui me permettent d’apprécier son acte. Mais ce que je souhaite exprimer, c’est le danger à "se contenter". En effet, certains ont une telle aversion envers le monde politique qu’une abdication leur semblera satisfaisante ...jusqu’à la suivante. Cela fonctionne d’ailleurs à la manière d’un théorème : d’une ’erreur’ (le meurtre de Semira), auquel s’ajoute une autre ’erreur’ (le "contentement") se produit un ’échec’ (la démission du Ministre de l’intérieur) ; soit la nullité. Et ce jusqu’aux prochaines erreurs et échecs à venir.
La vapeur n’est-elle pas à renverser ?
La mort de Semira peut-elle produire une nullité ?
Produire un échec est-il une finalité ?
Dans ce ces précis comme dans bien d’autres, je pense qu’il est nécessaire d’accorder un troisième facteur -Ia vigilance !- afin de produire l’échec de la politique incriminée et les changements nécessaires.
Avant-hier déjà, le Collectif Contre les Expulsions posait une série de questions sur les zones d’ombre qui entourent la mort de Semira.
On peut s’attendre à voir se réinscrire les griefs qu’il formule depuis de nombreux mois à l’égard des centres fermés et de la politique d’accueil en général.
Nos législateurs semblent accorder leur écoute. Cependant, je crois que nous pouvons légitimement craindre que les déclarations d’intentions de nos mandataires politiques ne furent hélas pas vierges de toutes récupérations. Aussi, se doivent-elles d’être mises en oeuvre. En clair, il ne s’agirait pas de faire confiance aveuglément parce qu’un ministre démissionne. Je crois qu’il s’agit de demeurer plus que jamais attentif à l’évolution des débats et évènements à venir. La mort de Semira ne peut pas produire la nullité !
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