Vous voulez défendre l’europe-forteresse ? vous voulez défendre le libre-marche ?

Parlez d’ordre public, construisez la peur publique et ouvrez les camps pour les sans-papiers
samedi 23 janvier 1999.
 

La gestion des derniers faits liés à la criminalité qu’a connus la ville de Milan durant ces premiers jours de cette nouvelle année a été caractérisée par une campagne terroriste médiatico-politique afin d’affirmer que la cause de tous les maux de notre société sont dus à une horde d’immigrés-délinquants faisant pression aux frontières de l’Europe et de notre riche et beau pays assiégé.

On nous assène de discours sur la situation d’urgence face à la criminalité afin de construire un consensus autour d’opérations en chantier depuis quelque temps ; lesquelles ont connu jusqu’ici de nombreuses réponses hostiles de la part des citoyens convaincus que les problèmes sont plus complexes, et encore plus complexes devraient être les solutions.

Le modèle en cours de construction en Europe est celui de la forteresse protégée qui donne entière liberté à ses entrepreneurs pour utiliser les pays exclus du "bon salon des affaires" comme des terres de conquête pour des investissements à haut profit spéculatif. Un profit assuré par la totale absence de droits et de garanties pour les travailleurs de ces pays qui ne se traduit par aucun type de sécurité sur les postes de travail, sur les accords salariaux, sur les horaires de travail, ou encore sur quel type de main d’œuvre employée.

On nous repose la très vieille idée affirmant que les investissements amènent la démocratie et le bien être et que pour les favoriser il est nécessaire de passer outre toutes ces conditions qui pourtant sont le signe de la démocratie et de son respect.

Ces investissements enrichiront certainement ces entrepreneurs mais sûrement pas ces pays, et aggraveront les conditions de misère qui depuis toujours poussent les hommes et les femmes à migrer pour survivre, comme le firent pendant des siècles les italiens et comme il se reproduira jusqu’à ce que nous conquérions un revenu de citoyenneté universel. Assurée la rente privée sacrée, on passe ensuite à gouverner et gérer la situation des migrants avec la même très vieille recette : répandre la peur, créer un ennemi et contre lui tous seront d’accord.
En diffusant la peur après la récente série de faits ensanglantés, l’ennemi est crée : l’immigré clandestin. On construit le consensus afin de mettre en place ce qui a été demandé à l’Italie pour entrer dans l’Europe-forteresse : l’ouverture des camps pour les sans papiers, les soi-disant centres de permanence temporaire.

Sans penser que ces structures ne devraient pas être des structures de détention mais des lieux où vérifier si les sans papiers peuvent obtenir des documents parce que réfugiés de guerre, demandeurs d’asile politique ou pouvant être inséré dans le monde du travail, lequel a besoin d’eux.

Sans penser que ces monstruosités juridiques devraient accueillir les sans papiers sans se préoccuper s’ils ont ou non commis des délits. Et là est la clé de lecture : après avoir créé la peur publique avec l’excuse de vouloir défendre l’ordre public, on obtient le consensus pour accélérer le renvoi forcé des "non prévus", que ceux-ci aient ou non commis des délits.

Parce que l’important n’est pas d’expulser les délinquants, pour lesquels déjà actuellement fonctionnent les prisons, mais avoir la main libre pour expulser les sans papiers.

Vieilles idées, vieilles recettes. On parle d’ordre public, on répand la peur publique, on sauvegarde les profits privés, on persécute les droits individuels, on militarise les territoires et les relations sociales.

Cette politique rencontre des résistances et nous qui avions occupé le centre de rétention de notre ville, nous revenons pour démontrer notre ferme opposition.

Nous faisons appel aux forces qui ne veulent pas accepter un camp dans notre ville, ni une déportation forcée d’hommes et de femmes, ni une criminalisation de personnes qui n’ont commis aucun délit.

Nous demandons à ces femmes et à ces hommes qu’ils fassent entendre leur voix, et qu’ils participent et s’engagent avec nous à construire une opposition.

Nous adhérons donc à la journée de mobilisation du 23 janvier contre les camps pour les sans-papiers, et au cours de cette journée nous lancerons aux citoyens de cette ville la proposition d’une consultation diffuse et ouverte qui permette de donner visibilité à cette partie des milanais qui veulent manifester leur opposition.

Nous faisons nôtre, l’appel :

Nous nous opposons aux expulsions parce que la libre circulation est un principe sur lequel il n’est pas possible de transiger ; parce qu’il ne nous semble pas concevable que la simple possession d’un bout de papier puisse déterminer du sort des individus. Nous luttons pour la liberté de circulation dans son sens le plus concret, comme le désir de voyager et de s’installer où bon nous semble, sans entraves ; parce que cette lutte participe également au refus du contrôle social qui nous embrigade tous : avec ou sans papiers.

Pour s’opposer à la construction de l’Europe forteresse ;
Pour exiger la fermeture immédiate de tous les centres de rétention ;
Pour la libération des sans-papiers incarcérés ;
Pour l’abrogation de la double peine (prison + expulsion) ;
Pour la régularisation par carte de 10 ans de tous les sans papiers ;
Pour l’abrogation des lois xénophobes ;
Pour la liberté de circuler et de s’installer.

Centro Sociale Leoncavallo
Associazione Ya Basta !


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