Depuis plusieurs années, un certain nombre de voix s’élèvent pour dénoncer les conditions de contrôle et d’accueil qui prévalent à Zaventem : abus de pouvoir, violences verbales ou physiques, rétention arbitraire. Cette lettre, écrite par le Centre pour l’égalité des chances, date de... 1994. Elle est adressée au ministre de l’Intérieur qui, à l’époque, s’appelait Louis Tobback. II n’y a jamais eu de réactions.
Le même document mentionne que 33 « réclamations » concernant les contrôles effectués par les gendarmes de l’aéroport lui sont parvenues. Et de s’inquiéter qu’aucun contrôle extérieur ne soit prévu, ce qui aboutit à ne pouvoir vérifier les rumeurs récurrentes de mauvais traitement à l’égard des étrangers. Ni celles d’une sympathie évidente pour les idées du Vlaams Blok chez certains gendarmes.
En 1995, le centre était revenu à la charge en proposant des formations spécifiques pour le personnel des centres fermés. Celles-ci ont effectivement eu lieu, sauf pour les gendarmes chargés de la surveillance de la zone de transit de l’aéroport. Officiellement, il appartenait à la cellule multiculturelle de la gendarmerie de s’en occuper.
Depuis 1994, le centre a encore recueilli, via son bureau des plaintes, sept dénonciations de comportements racistes de la part des gendarmes de Zaventem. En avril 1998, nous avons encore écrit au lieutenant-colonel Tempels pour lui signaler des actes discriminatoires commis à l’égard d’Africains, signale le directeur-adjoint du centre, Jean Cornil. Mais il est Clair que les plaintes qui nous parviennent ne constituent que la pointe émergée de l’iceberg.
De fait, d’autres plaintes d’étrangers relatives au comportement de la brigade de gendarmerie de l’aéroport parviennent régulièrement auprès des associations humanitaires, des avocats ou des journalistes. Elles concernent le plus souvent les procédures de contrôle lors du passage des frontières, mais, comme il s’agit généralement de touristes ou de voyageurs en transit, rares sont ceux qui portent plainte.
D’ailleurs le comité P dit n’avoir jamais été saisi d’aucune plainte concernant la brigade de gendarmerie de l’aéroport. Le fait n’a rien d’étonnant. Lors des états généraux contre le racisme, le centre a bien dû constater que certaines plaintes à l’encontre des forces de l’ordre sont récurrentes : Contrôles d’identité abusifs, insultes, coups et blessures, détention arbitraire, refus d’acter une plainte. Le traitement et le suivi de ces plaintes se caractérisent par leur inefficience, tant au niveau des contrôles internes qu’au niveau judiciaire. Sentiment d’impunité et esprit de corps prévalent.
En avril 1998, le centre avait proposé à la conférence interministérielle de l’immigration que la qualification « racisme » figure dans la nomenclature des infractions pour la rédaction des P.V. afin de quantifier plus objectivement ce phénomène. Sans résultat jusqu’ici.
M.Vdm.
Le Soir - 26 septembre 1998
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